28 août 2010
Ça faisait un moment que je voulais tenir un journal intime. Je n'en ai jamais eu le temps. Et aujourd'hui, je me dis que mon entrée à NH est surement la meilleure occasion pour en commencer un, réellement.
Par où commencer... Mon histoire n'a rien de particulière. Elle est celle d'un bon nombre d'ados de mon âge. Mais c'est la mienne, elle me concerne, moi. Et tant pis si je ne sors pas de l'ordinaire.
Tout le monde a déjà entendu parlé de cette fille-là. Où même de ce garçon. Dans le cas présent, c'est plutôt les deux. Mais bref. Cette gosse de riche, aimée de sa famille, qui avait tout pour elle, tout pour réussir, mais qui, sans qu'on en comprenne la raison, a sombré dans la drogue et l'alcool. Personne ne comprend pourquoi elle s'est soudain mise à faire la fête et à se conduire n'importe comment. Et pourtant, la raison est simple.
C'est l'ennuie. Et oui, juste ça, l'ennuie... Ça semble si dérisoire, n'est-ce pas ? Et pourtant, l'ennuie est bien la seule et unique raison. Quand on a déjà tout, c'est un sentiment qui vient très rapidement. Alors on cherche à s'échapper de cette vie morne et sans intérêt par tout les moyens possibles.
Cette fille, c'est moi. Enfin, c'était moi, parce que les choses ont changé aujourd'hui.
Bref. L'ennui, c'est l'histoire de ma vie. Alors rien n'oblige personne à la lire.
Je m'appelle Winter Melody Popewell. Je suis née le 21 décembre, d'où mon nom. L'hiver, c'est moi. Froide au premier abord, mais chaleureuse quand on cherche un peu plus en profondeur. Qui n'a jamais apprécié un bon chocolat chaud avec les gens qu'il aime alors qu'on se gèle au dehors ?
J'ai vu le jour en Écosse, pas très loin de Glasgow. J'y ai grandi dans l'immense propriété des Popewell. Ma famille est riche, immensément riche. Après tout, elle est l'une des deux plus ancienne et des plus respectée famille elfique d'Europe, avec les Macken, dont je parlerais plus tard. Elle est par ailleurs l'une des familles Prodigium les plus importante : mon père siège au Conseil. Ah oui, j'ai bien écrit elfique et Prodigium. Si un humain tombe sur ce journal, je serais encore plus dans la merde qu'actuellement, mais bon.
Ben oui. Si j'étais humaine, ça ne serait pas drôle. Ce n'est pas comme si la drogue était mortelle pour moi, n'est-ce pas ? Après tout, pour risquer une overdose, il faudrait que j'en consomme régulièrement pendant, quoi, deux cents ans ? Et même si à ce rythme, j'en consommerais toujours dans deux cent ans, j'aime penser secrètement que je m'en sortirais peut-être.
Mes parents m'aiment, c'est clair. Je le sais. Ce n'est pas ça le problème, ça ne l'a jamais été, contrairement à ce que ma mère à l'air de croire. Elle a la faculté de se reprocher tout les actes de son entourage. Non, ça n'a jamais été eux le problème. Pas de maltraitance, pas de délaissement.
Et ce n'était pas la faute de Gwaine non plus. Gwaine... Nous y voilà. J'ai rapidement, un peu plus tôt, évoqué les Macken. Ils sont eux aussi écossais, bizarrement. A croire que les elfes viennent d'Écosse à la base. Nos deux familles se sont toujours parfaitement entendues au cour des millénaires et des siècles passées, d'autant plus que les deux branches principales (ce genre de famille compte bien plus de cousins au 174ème degré qu'il n'en faut) habitent pas très loin l'une de l'autre, dans deux grands manoirs de la région de Glasgow. Par le plus grand des hasard, il se trouve que Gwaine Macken, troisième enfant des Macken et moi, seconde fille des Popewell, sommes nés la même année. C'est tout naturellement que tout petit, nous nous sommes liés d'amitié. Nous sommes très vite devenus inséparable, de vrais siamois. Nous faisions tout ensemble. Scolarité humaine, devoirs, week-ends, sorties, en famille ou pas.
Mais l'ennuie nous gagna. Nous nous installions peu à peu dans une routine plus qu'agaçante, et ça ne plaisait à aucun de nous deux. Si nous nous ennuyions déjà au bout de treize ans, comment allions-nous tenir plus d'un millénaire ?
Alors, un soir, alors que nos parents nous avaient laissé seuls, se rendant à un galas, nous nous étions incrustés dans une fête humaine, apportant de l'alcool, beaucoup d'alcool. Ça évitait les questions. Nous nous sommes éclatés, ce soir-là. Nous avons dansé toute la nuit, complètement défoncés, une bouteille de vodka ou de rhum dans une mains, dans l'autre un pétard ou un joint. On s'en foutait, on vivait, on était là, on se sentait bien. Trop bien. On en voulait plus, toujours plus. Après cette nuit, on recommença, de plus en plus souvent, jusqu'à ce que ça devienne une habitude. Tout les week-ends ou presque, on allait en soirée. Dans nôtre lycée, on nous attribua la réputation de grands fêtards, ceux qui étaient toujours présent, qui ne manquaient aucune fête, jamais. Ceux qui mettaient l'ambiance, qui étaient capable de rendre géniale la fête la plus merdique du monde. Cela dura un certains temps.
Puis arriva cette soirée de juillet. C'était le tout début des vacances d'été, une énorme fête était prévue chez un de nos ami humains. Avec Gwaine, on voulait y amener quelque chose de spécial. On avait décidé d'amener de la drogue, parce qu'on en avait, je me souviens plus comment, mais on en avait. Sauf qu'on y a fait quelque chose, avec nos pouvoirs, on a utilisé notre emprise sur la nature pour la modifier, cette herbe, je sais plus ce qu'on a fait, mais on l'a essayé tout les deux chez lui, dans le manoir des Macken. L'effet était génial, super rapide, au bout de deux minutes on planait. On n'a eu aucun problème tout les deux, on croyait avoir inventé un truc de folie. Qu'on était con...
On y est allé, à cette fête. Avec la drogue, sans aucune hésitation. On nous a accueilli à bras ouvert. Au début, on voulait pas la partager, l'herbe. L'effet était trop bon, on la voulait que pour nous deux. Et puis quatre de nos potes se sont ramenés. Alors on s'est dit, pourquoi pas ? Et on leur a fait gouter. Il a suffit d'une bouffée, d'une seule bouffée pour qu'ils soient brusquement pris de convulsion. Gwaine a réagi au quart de tour, il a appelé une ambulance, les pompiers, tout ça... Moi, je suis restée sans rien faire, à les regarder mourir. Je les ai vu mourir. Je n'ai rien fait. Je me suis contenté de regarder, sans bouger, sans réagir, et quand les pompiers sont arrivés, je n'avais toujours pas bougé, malgré Gwaine qui essayait de me sortir de mon état de choque.
Deux sont morts, cette nuit-là. Sur le coup, apparemment. Deux autres sont tombés dans le coma. Ils y sont toujours.
Les médecins humains se sont posés de nombreuses questions. Ils ne comprenaient pas, cette herbe était bizarre, inconnue. Ça a foutu un beau bordel, et évidemment, le Conseil Prodigium – dont mes parents font parti, comme de par hasard – a réagi. On leur a avoué sans difficulté ce que l'on avait fait, avec Gwaine. Le verdict est tombé sans attendre. Pas la mort, car nous étions trop jeune, mais Night Hall, pour quatre ans.
Cette histoire a profondément changé ma façon de vivre. Depuis ce jour, je ne suis plus qu'une coquille vide qui ne survit que grâce aux pilules et autres drogues, qui me permettent d'oublier ce que j'ai fait. Je ne me le pardonne pas. J'ai tué des humains à cause de mes conneries. La culpabilité est tellement forte... Elle me tue, j'en fais des cauchemars. La drogue me permet d'oublier, un court moment. Alors je ne fais que sombrer plus profond dans son enfer, malgré Gwaine, qui me soutient, qui est là pour moi. Il devrait me laisser tomber. Je ne veux pas qu'il sombre avec moi. Je l'aime trop, il ne mérite pas ça.
Alors voilà ou j'en suis. Complètement perdue, il m'est impossible de me pardonner, et maintenant, je suis envoyée dans une école pour Prodigium à problèmes, à des kilomètres et des kilomètres de chez moi... Que vais-je faire ?
15 janvier 2011
Mes pouvoirs me font peur. Je... Je me fais peur. Aujourd'hui encore, j'ai déconné. J'ai pris un truc ce matin... Une pilule... Enfin, je sais plus trop, un machin. Je sais que je dois arrêter. Je sais que c'est mauvais, je ne suis pas stupide. Mais je ne peux pas. Ça m'aide à oublier ce que j'ai fait pendant un court instant. Si j'arrête, tout ça va revenir. Si j'arrête, la culpabilité, la peur, elles vont me bouffer vivante. Je n'y survivrais pas.
Mais tout à l'heure... Je me demande... Si je n'avais rien pris, est-ce que ça aurait changé quelque chose ? Je ne sais pas. Mais j'ai perdu le contrôle. Cette fille m'insupporte, je la hais. Elle se croit supérieure, au dessus des autres. Mais elle est dans la même merde que nous tous. Aujourd'hui, elle s'est encore comportée comme une chienne avec une autre qui ne lui avait rien demandé. Je m'en suis mêlée, bien évidemment. On s'est disputées, on allait presque en venir aux mains. Et puis elle a dit un truc, espèce de pauvre droguée, je crois, ou quelque chose comme ça. J'ai senti tellement de colère en moi, j'allais la frapper, mais à ce moment, son sac s'est enflammé d'un coup, et je ne savais pas comment l'éteindre. Elle non plus, elle n'est ni sorcière ni elfe, elle ne pouvait pas. Si Mlle Jaggings n'avait pas été là, je ne sais pas ce qui aurait pu arriver... J'aurais pu mettre le feu à NH ! Et je n'ai même pas fait exprès... Je suis un monstre. Un horrible monstre. Je ne mérite pas de vivre.
28 mars 2011
Ais-je déjà mentionné ma coloc' Iris ? Elle est arrivée ici en même temps que moi, et à mon plus grand étonnement, je dois dire que je l'adore. C'est une fée, et je ne sais pas si c'est de là qu'elle tient ça, mais c'est la personne la plus adorable que j'ai jamais vu. Je me souviens très bien de notre rencontre. J'ai été une vraie garce avec elle, dès le début. Déjà, je n'en voulais pas, de colocataire. Je voulais être tranquille. Alors je lui ai tout de suite fait comprendre qu'elle et moi, on allait pas être amies. Mais ça ne l'a pas arrêté pour autant. Je ne sais pas pourquoi elle a été aussi persévérante avec moi. Vraiment, je ne comprends pas ce qu'elle a pu trouver d'intéressant en moi, ça me sidère. Mais quoi qu'il en soit, elle ne s'est pas découragée, elle est restée cool et sympa avec moi. Et je me rends compte que maintenant, je l'apprécie vraiment. Je sais, je sens que je peux lui faire confiance, et je crois que c'est pour ça que j'ai essayé de rester aussi froide avec elle, parce que la seule personne à qui j'ai jamais fait confiance, c'est Gwaine... Tout les deux s'entendent à merveille, d'ailleurs, et ça m'agace un peu, je ne sais pas trop pourquoi. Je ne veux pas que mon meilleur ami me laisse tomber, ça doit être ça...
4 mai 2011
J'ai fait une rechute. Quand je pense que je commençais enfin à aller mieux. Quand je pense que j'avais l'impression d'en prendre moins, d'en voir la fin. Quand je pense que Gwaine, Iris et Mlle Jaggings ont essayé en vain, qu'ils m'ont soutenu, qu'ils ont voulu m'aider. Je pensais vraiment aller mieux. Pourquoi je n'y arrive pas ? Gwaine s'en sort, lui. Il n'a pas de problèmes, d'aucune sorte. En tout cas, je n'en ai pas l'impression. Je ne sais pas. Je suis tellement concentrée sur mes problèmes que je ne vois pas ceux des autres. Mais s'il avait des problèmes, il me le dirait, non ?
Le pire, c'est que nos parents veulent nous séparer pour les vacances d'été. Pour la première fois de notre vie, on ne les passera pas ensemble. C'est pour notre bien, d'après eux. Quelle bande d'imbéciles finis. Il ne faut jamais nous séparer.
25 août 2011
C'est devenu pire encore. Sans Gwaine, sans personne, je me suis retrouvée seule face à mes démons, sans personne pour m'aider. Je ne suis qu'une pauvre droguée. Et malgré la reprise des cours à NH qui approche, je ne vois pas comment je pourrais m'améliorer, cette fois.