Iris & Winter

Allongée sur son lit, Winter observait le plafond uni de sa chambre sans le voir, perdue dans ses pensées. Elle ne savait plus trop ou elle en était, actuellement. Enfin, le « actuellement » n'était pas nécessaire. Elle était perdue, paumée, et depuis plus d'un an déjà. Avant, tout ça, ce n'était qu'un moyen de s'amuser, de chasser l'ennuie. Mais aujourd'hui, la jolie brune n'était plus qu'une épave, et les vacances d'été loin de Night Hall, loin de Gwaine – quelle idée stupide celle de les séparer ! - n'avait fait qu'empirer les choses. Elle se sentait tellement mal, sans lui. Vide. Il était le seul qui pouvait lui faire oublier quelques instants ce qu'elle avait fait, alors même qu'ils l'avaient fait ensemble. Et encore, ça revenait vite, et dans ces moments là... Il n'y avait plus que la drogue, et ça la tuait, pas parce que c'était dangereux ou quoi, dans l'immédiat, en tant qu'elfe, elle n'en avait rien à faire, mais parce qu'elle n'était plus qu'une pauvre junkie, elle le savait, et ça la tuait, parce qu'elle ne voulait pas être ça, elle voulait être heureuse, elle voulait vivre, mais elle ne pouvait pas, parce que si jamais elle arrêtait, si jamais elle recommençait à vivre... Alors ses démons viendraient la hanter à nouveau, et elle le savait, elle ne pourrait pas y survivre, parce que ça faisait trop mal, beaucoup trop mal, elle ne voulait pas avoir mal... Elle ne voulait pas...
Winter ferma les yeux, fort. Très fort. Chassa tout ça de ses pensées. Enfin, essaya. Peut-être que ça allait marcher, si elle fermait fort les yeux, les poings, si elle essayait de rêver, de s'envoler, loin, dans un autre monde, là ou il n'y avait pas de problèmes, là ou tout était beau, innocent, comme dans ce dessin animé humain, Peter Pan. Elle aussi voulait voler jusqu'à la deuxième étoile à droite et continuer tout droit jusqu'au matin. Elle aussi ne voulait pas grandir, elle aussi voulait oublier ses peurs, ses angoisses. Et elles étaient si nombreuses, si présentes, à un tel point que c'est à peine si l'elfe avait encore la force de presser le bouton « off ». Alors oui, elle se droguait, oui, elle sniffait, prenait des pilules, tout ce que vous voulez, mais sans ça, elle ne serait sûrement plus de ce monde. L'adolescente avait déjà envisagé le suicide, et ce un nombre incalculable de fois. Mais elle n'était pas assez courageuse, pas assez égoïste pour passer à l'acte. Parce que quand elle y pensait, les visages de Gwaine, d'Iris, de ses parents, même de sa professeur, Mlle Jaggings, lui apparaissaient. Et elle se disait que même si elle souffrait, maintenant, de la mort de ses deux amis, de la culpabilité qui la bouffait vivante, ça ne lui donnait pas le droit de faire souffrir les autres. Alors ok, ça la soulagerait, puisqu'elle ne ressentirait rien, plus rien, c'est clair, mais elle devait penser à eux, à tout ces gens qu'elle aimait. Elle n'avait pas le droit de les blesser comme ça, parce qu'est-ce qui lui disaient qu'ils s'en remettraient ? Gwaine surtout. Les deux étaient inséparables, depuis tout petits, et peut-être même depuis bien plus longtemps que ça. Qui pouvait prévoir s'ils se retrouveraient dans une vie future ? Non, elle n'avait pas le droit de lui faire ça, leur vie à eux deux n'avait toujours pas commencé, elle ne savait toujours pas ce qu'ils avaient bien pu être l'un pour l'autre dans le passé, alors elle ne l'abandonnerait pas, elle l'aimait, il était son meilleur amie, son frère.

« One step closer... I have died everyday waiting for you... Darling don't be afraid I have loved you, for a thousand years... I love you for a thousand more... »

Seule dans sa petite chambre, la jeune femme chantait, de sa voie à la fois douce et grave d'elfe, et sans qu'elle en comprenne vraiment la raison, les larmes lui montèrent aux yeux. Elle se releva brusquement en position assise, et d'un geste brusque essuya avec rage les quelques larmes qui menaçaient de couler. Qu'est-ce qu'elle pouvait être stupide alors ! Pourquoi pleurer ? Pourquoi déprimer, sans cesse ?
De rage, elle se leva et se dirigea vers la fenêtre. S'y appuyant à l'aide de son front et de son bras, elle observa les quelques personnes assises sur la pelouse du grand parc de Night Hall. Elle n'y aperçu ni sa crinière rousse adorée, ni sa tête brune préférée. Elle sourit tristement. Seconde année, seconde chance pour l'institution de faire quelque chose de bien pour elle... Qui sait ce qui pourrait arrivée...
La jeune femme sursauta brusquement, sortie de ses pensées par le bruit d'une poignée qu'on tournait dans le but d'ouvrir une porte. Elle se retourna juste à temps pour voir pénétrer une jeune fille rousse dans la chambre, et sentit une bouffée de chaleur la traverser. Elle pouvait dire ce qu'elle voulait, elle l'adorait, cette petite fée.

« Iris ! » s'exclama t-elle avec un grand sourire. « Comment va ? »

WINTERANDIRIS

La jeune fille se baladait dans l'immense école qu'était Night Hall, il faisait beau, c'était plaisant de pouvoir bénéficier d'un chaleureux bain de soleil. Elle sourit, de son petit sourire timide. Elle aimait cette sensation, accordé à la nature, la rouquine entendant les soupirs des arbres, les murmures du vent. Maladroite comme elle est, Iris trébucha et s'étala le long d'un chemin menant vers le bâtiment C. « Je..Pardon j'étais dans mes pen.. » Une blonde se tenait là devant elle, lui souriant gaiement et lui tendant ses affaires. Non, ce n'était pas cette fille qui avait causé son arrêt en pleine phrase. Iris savait qui elle était, enfin jusque elle l'avait aperçu avec cet homme. Celui-ci arriva d'ailleurs par la suite, une guitare à la main accompagné d'un autre jeune homme qu'elle avait déjà croisé, eux deux appelèrent la blonde. Aussitôt rouge, Iris rabattit sa chevelure rousse sur son visage de porcelaine, pour essayer d'éviter son regard. Elle ramassa vivement ses affaires, dévoilant un petit sourire de remerciement à la jeune fille accroupie à côté d'elle avant de s'enfuir vers sa chambre. Un coup de vent arriva, ses cheveux s'envolèrent et ils croisèrent de nouveau leurs regards.

Essoufflée, elle s'arrêta un moment. Iris cligna des yeux, à chaque fois c'était la même chose qui arrivait ; la fée plongeait ses yeux dans ceux de Steven, quelque chose se passait puis rien. Un énorme mal de crâne qui arrive pendant l'affaire de quelques secondes, et son ventre faisant envoler des milliers de papillons à l'intérieur. Elle soupira. La quasiment princesse remit quelque de ses mèches flamboyantes en place, avant de rentrer dans le grand bâtiment. Sa chambre elle l'a partagé avec une elfe nommée Winter. Toutes les deux étaient du même âge, et Iris avait dû se battre pour que la brune accepte sa présence et son aide. Iris était plus timide lorsqu'elle est venue à Night Hall, mais sa bonne humeur avait mis en confiance l'elfe. Winty comme la fleur l'avait surnommée. La rousse arriva devant sa porte, elle se mit à chercher ses clefs. C'était connu, les fées avaient une bonne ouïe, du coup c'est comme ça qu'elle remarqua que sa colocataire y était déjà. Une douce mélodie arriva à ses oreilles, Winter chantait. Iris l'avait souvent écouté en cachette, ou surprise et elle aimant toujours autant sa voix. Le seul problème était la tristesse qui en dégageait à chaque fois. Chez elle, les fées aucune de leur chanson n'étaient tristes, non on aimait danser, rire.. La voix s'était stoppé depuis une petite poignet de minutes, elle se rendit compte qu'elle était restée immobile devant le palier de la porte. Elle rougit pour une énième fois et s'engouffra dans la chambre appuyant sur la poignet plus fort de ce qu'elle aurait voulu. La rouquine vit une silhouette sursauter, déposant ses affaires sur son lit, Iris la rejoignit. « Tu devrais tirer les rideaux, Winty. On y verra mieux et il y fera meilleur. » Elle dit cela en tirant du mieux qu'elle pu, Iris se lit sur la pointe des pieds, et même en tanguant dangereusement, elle réussit à faire entrer la lumière. Un grand rayon traversa la pièce, baignant comme précédemment son visage d'une chaleur. Elle enlaça tendrement son amie, ce fut sa manière de dire bonjour. Fatiguée, la fée s'assit sur son lit. D'un coup son visage exprima pendant quelques instants de la douleur, puis se détendit automatiquement lorsque ses deux ailes apparurent derrière son dos. Un voile noir couvrit le visage normalement joyeux de la fée, que dirait sa mère -la reine- si elle savait qu'elle avait encore du mal à faire une « transformation » complète ? Elle avait honte, Iris ne pouvait même pas garder ses ailes cachées dans le dos, aujourd'hui elle avait réussi qu'une petite heure d'affilé. Elle faisait des nuits blanches à s'entraîner, d'où les petites cernes apparentes sous ses yeux émeraudes. La rouquine secoua sa tête comme pour chasser ses mauvaises pensées. Elle leva sa petite bouille vers Winter. Son visage reprit de nouveau son habituel air joyeux. « Oui je vais bien, un peu..peu fatiguée. », dit-elle avec un petit sourire. Il eut un petit moment de silence. « J'aime beaucoup comment tu chantes tu sais ? » Elle se mordit la langue, peut-être que l'elfe n'aurait pas voulu qu'elle l'entende. « Ce..ce n'est pa..pas comme si je t'es..espionnais... Je suis arrivée quand tu as.. » Elle vit le regard moqueur de sa meilleure amie. « Pardon. Je sais. Tu m'as dit, ne pas me justifier. » Iris émit un petit sourire angélique, devinant les pensées de Winter.